1829

La Revue de Paris fait partie des légendes du 19e siècle. La première Revue de Paris, en 1829, est celle fondée par l’original docteur Véron dans l’intention de produire un « nouveau recueil littéraire ». Sous le titre de Revue de Paris, on trouve en fait, entre 1829 et 1970, avec discontinuité, plusieurs publications successives qui vont connaître tour à tour succès et avanies. Effervescente capitale artistique et culturelle, Paris est à l’époque le foyer et le pivot incontournable des écrivains, des penseurs et des artistes du monde entier. Il y a deux siècles, la Revue publiait pour la première fois des textes littéraires, laissant la place aux auteurs et inaugurant le modèle du feuilleton. Dans ses pages, Flaubert, Balzac, Mérimée, puis Sacha Guitry, Ibsen ont rencontré leurs premiers lecteurs français, pendant que Delacroix, Bergson, Baudelaire ou Nietzsche y publiaient essais philosophiques et critiques artistiques. En s’ouvrant plus volontiers à des oeuvres, et notamment à des romans qu’à des critiques, la revue permet ainsi à des auteurs comme Balzac, Alexandre Dumas, Eugène Sue, Lamartine…, moyennant des rétributions parfois importantes, de pré-publier leurs textes. L’histoire a donné raison aux paris pris par La Revue de Paris.

1831

Vendue par le docteur Véron en 1831, la revue est rachetée par François Buloz, nouveau directeur de La Revue des Deux Mondes, en 1834 et publiée conjointement à celle-ci jusqu’en 1845, date à laquelle elle est absorbée par une autre revue, L’Artiste. Honoré de Balzac y livra L’Élixir de longue vie et Sarrasine en 1830, puis la deuxième partie de La Femme de trente ans en 1831, avant de donner à sa rivale, la Revue des deux Mondes, la nouvelle qui constituait la première partie du même roman intitulée Le Rendez-vous. Il y publia également : L’Auberge rouge en 1831, La Grenadière sous le titre Les Orphelins en 1832, La Femme abandonnée en 1832, une partie de l’Histoire des Treize et Ferragus en 1833, le début du Père Goriot en 1834, un extrait de La Peau de chagrin sous le titre Le Suicide d’un poète et Les Employés ou la Femme supérieure en 1837.

1834

Rachetée en 1834 par François Buloz avec lequel Balzac fut en procès dès la troisième livraison du Lys dans la vallée, la revue déclina et sa publication fut interrompue en 1845. Elle fut alors reprise par Arsène Houssaye au sein de L’Artiste, avec, entre autres, Théophile Gautier, et Louis Marie de Lahaye Cormenin, accueillant les écrivains rejetés par la Revue des deux Mondes, notamment Gustave Flaubert, qui y fit paraître Madame Bovary. À ce moment, la Revue de Paris avait supprimé plusieurs passages du livre car elle craignait, non sans raison, un procès. Flaubert, qui avait publié dans cette revue car son ami Maxime Du Camp en était membre, le regretta. Il exprima son opposition à la suppression d’extraits de son roman et ne fit plus jamais paraître ses œuvres dans les journaux.

1851

Elle réapparaît en 1851 sous la direction d’Arsène Houssaye, Louis Cormenin et Maxime du Camp, avec Théophile Gautier comme rédacteur en chef. Elle offre alors un programme éditorial exclusivement littéraire, faisant une bonne part aux traductions d’écrivains étrangers (Heine, Poe, Leopardi…), mais elle est supprimée en 1858, pour des raisons politiques dues à son libéralisme implicite.

1864

Supprimée par le gouvernement en 1858 et se dissociant de L’Artiste, la revue reparut en 1864-1865 sous le titre La Nouvelle Revue de Paris avant d’être absorbée par la Revue française. Une nouvelle Revue de Paris apparaît en 1864 avec une orientation plus conservatrice. L’expérience ne dure guère et de nouveaux essais infructueux de relance du titre auront lieu en 1866, 1874 et 1887.

1894

La revue ressuscite pour de bon en 1894 aux éditions Calmann-Lévy qui en confient la direction à Louis Ganderax, lui-même épaulé par l’historien Ernest Lavisse et venu de La Revue des Deux Mondes, avec laquelle la Revue de Paris se trouva vite en concurrence. Loti, Renan, D’Annunzio, Faguet, Anatole France, F. Gregh, Romain Rolland figurent dans les premiers sommaires. Puis viennent Ibsen, Nietzsche, Tchekhov, Dostoïevski, Kipling, Barrès, Tristan Bernard, Bergson. En 1894, une nouvelle Revue de Paris fut lancée par Edmond de Fels (1858-1951). Il la transmit à son fils André, et à sa fille la duchesse Edmée de La Rochefoucauld, qui en confièrent la direction à la baronne Solange de La Baume.

1970

Interdite par le gouvernement de Napoléon III, elle se relance à plusieurs reprises, avant d’être censurée par le Régime de Vichy puis, après sa reparution dès la fin de la guerre, elle est définitivement enterrée en 1970. La Revue de Paris fut suspendue en 1940, elle reparut en mai 1945 et disparut définitivement en 1970.

2020

Fidèle à cet esprit, la Revue de Paris du 21e siècle entend également donner la part belle à une ‘nouvelle école’ de plumes singulières qui trouvent ici, et nulle part ailleurs, la place d’expérimenter et d’explorer. La ligne éditoriale se consacrera aux phénomènes de la création contemporaine qui ne se laissent pas capturer par les pratiques et les formats traditionnels, et mettra l’accent sur le hors champ.